Durant sa résidence en août 2024, Ieva s’est intéressée à l’exploration de la place des espèces végétales endémiques et invasives à Bienne, à leurs rôles traditionnels ainsi qu’à leurs implications historiques, environnementales et urbaines. Photoforum l’a invitée à revenir pour présenter les résultats de sa résidence dans le cadre d’une petite présentation.
« Le mot « invasif » a beaucoup tourné dans ma tête pendant mon séjour à Bienne. En tant que nouvelle visiteuse de la Suisse venant du Liban, un pays qui est actuellement sous la menace d’une invasion terrestre, je me suis parfois sentie comme une graine sans racine à la recherche d’un sol sur lequel se poser. Bien que déracinés, nous nous sommes sentis accueillis par tous ceux que nous avons rencontrés. En compagnie de mon fils de 5 ans, nous avons observé attentivement les plantes et les autres formes de vie qui nous entouraient. Je cherchais des espèces envahissantes, il cherchait des insectes, des serpents et des lézards. Mes obligations maternelles divisaient mon attention, mais elles imprégnaient aussi mon processus créatif. Il griffonnait sur son carnet tandis que j’esquissais des plantes en marchant, ou que je découpais leurs photographies dans des livres, ou encore que je les mélangeais et les séchais pour en faire du papier. En jouant avec les matériaux, des questions ont commencé à se poser : comment l’envahissement se manifeste-t-il dans la nature par rapport à la société humaine, peut-il être recadré pour avoir un impact positif, qu’est-ce qui définit une invasion dans un contexte physique, mental, émotionnel et culturel, quels matériaux et techniques peuvent traduire les tensions entre le familier et l’intrusif ? »